Pourquoi le Black Friday est si mauvais pour l’environnement

Pourquoi le Black Friday est si mauvais pour l’environnement

Source et lien : Ouest France

PAR COLINE PAISTEL – Vendredi 23 novembre 2018

Difficile d’échapper au Black Friday. Ces soldes accélérés sur trois jours, importés des États-Unis, ont empli les magasins, les sites internet et même les boîtes mail de l’Hexagone. Mais cette insistante invitation à consommer est aussi un week-end noir pour la planète.

À l’origine, le concept se limitait à une journée. Ce sont finalement trois jours de soldes qui s’annoncent partout en France, dès ce vendredi.

Récemment importé des États-Unis, ce Black Friday (Vendredi Noir) connaît un succès grandissant depuis quatre ans. À un mois de Noël, il attire dans les magasins des millions de consommateurs. Selon Retail me not, site de promotion digitale, 5,74 milliards d’euros devraient être dépensés ce week-end en France (sites internet compris), soit 5,9 % de plus qu’en 2017.

Mais derrière des prix alléchants et de belles économies se cache une réalité plus troublante.

Publicité et surconsommation

Affiches placardées sur toutes les devantures, e-mails en abondance, SMS vantant mille réductions… Difficile aujourd’hui d’échapper à la folie Black Friday.

« Nous subissons la pression de la surconsommation et de la publicité, analyse Flore Berlingen, directrice de l’association Zero Waste France, défendant le zéro déchet et luttant contre le gaspillage.Ce système artificiel a été construit pour nous pousser à la consommation, mais il est important de le mettre en perspective avec la réalité environnementale et les conditions de travail de ceux qui fabriquent ces objets. »

D’autant que chez les grandes enseignes, friandes du Black Friday, ces soldes ne visent pas à un déstockage. « Ils font du stock en amont pour pouvoir vendre plus », prévient la directrice.

Le poids caché des produits

« En France, on consomme trois fois plus de ressources que ce que notre planète peut donner », expose Flore Berlingen. Et acheter des produits neufs – que ce soit des vêtements, de l’électronique ou des meubles – « nécessite l’extraction, l’exploitation et le transport de matières premières ».

En effet, ces millions de produits achetés ce week-end pour le Black Friday ont « un poids caché », méconnu des consommateurs. « On ne se rend pas assez compte de ce qu’il y a avant l’achat. » En septembre dernier, dans une infographie, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (Ademe) a détaillé ce que pèsent réellement sur l’environnement, les objets du quotidien.

Selon leurs données, une maison française compte en moyenne 2,5 tonnes d’objets accumulés, soit le poids d’un hippopotame. Mais pour fabriquer tous ces objets, il a fallu en moyenne extraire 45 tonnes de matières premières. C’est le poids de huit gros éléphants.

Autre exemple, rien que pour les quelques grammes de minerais qui se trouvent dans les puces de Smartphone, « il faut excaver 200 kg de matière ». Dernier chiffre, aussi préoccupant. En moyenne chaque personne possède 51 kg de vêtements. Mais en poids carbone, « cela représente 1,3 tonne d’émission de CO2 ».

Et les millions d’achats effectués durant ces trois jours ne seront pas le seul scandale écologique. La publicité mise en place pour l’événement a un fort impact sur la planète, de l’impression des affiches, des étiquettes, à l’envoi massif d’e-mails pour annoncer les promotions. Sachant que, selon un rapport de l’Ademe en date de 2014, un mail d’un méga-octet (1 Mo) émet 15 g de CO2.

La solution ? Rien de neuf !

Mais alors quelles solutions pour consommer en préservant la planète ?« Réduire ses achats de produits neufs et acheter des produits déjà en circulation en priorité, lance la directrice de Zero Waste France. Les prix sont moins élevés. Et il y a d’autres alternatives. »

L’association a d’ailleurs listé sur son site ces alternatives éco-durables au neuf comme la location, le troc, la mutualisation, le don… C’est économique et écologique ! Et ça fonctionne aussi pour les cadeaux : « On peut offrir des objets de seconde main pour Noël, assure Flore Berlingen. Il y a plein de choses qui ne nécessitent pas d’achats de produits neufs. »

En janvier dernier, l’association avait d’ailleurs lancé le défi Rien de neuf en 2018. 14 000 personnes sont en passe de le relever. En 2019, elle remet ça. Et espère toucher encore plus de monde « et pas que des gens qui sont déjà engagés écologiquement. »

Et pour ceux qui ne peuvent pas éviter quelques achats, il existe une autre belle alternative au Black Friday le Green Friday. Lancé l’an dernier par Envie, un réseau de recyclage et de reconditionnement, le Green Friday appelle aussi à éviter la surconsommation. Composé d’une centaine de membres, l’initiative invite les commerçants à reverser 15 % des ventes de ce vendredi à diverses associations. De black à green, un changement de couleur qui a du sens.


Mon commentaire – Julien Legouix

Pourquoi le Black Friday c’est mal ?

Eh oui, cet article date d’il y a deux ans. Mais le sujet est toujours d’actualité, chaque année, à la même période.

La tentation à l’approche de Noël est grande. Acheter plus et moins cher ! Pour aller droit au but, on se pose la question tout de suite : pourquoi ç’est mal ?

D’abord, nous consommons avec ces soldes, des objets que nous n’aurions pas consommés en dehors des soldes. Ces biens sont-ils vraiment nécessaires dans ce cas? Nous nous retrouvons à surconsommer au sens propre. Nous avons trop de possessions. Parfois en double, en triple, en plusieurs couleurs, de vielles générations toujours fonctionnelles mais moins à la mode.

Le deuxième problème est plus insidieux. Le marketing ! Ce sujet mériterait un article à lui seul. Nous ne parlerons même pas de l’aspect trompeur, parfois mensonger de certaines publicités. Le sujet le plus troublant, semble être la méthode qui consiste à rentrer dans notre cerveau, par un matraquage d’affichage, de spots publicitaires dans tous les médias, et, le plus pernicieux, à travers notre exposition aux réseaux sociaux. Les mécanismes sont bien connus. La lutte est quasi impossible, nous recevons trop de signaux concordants pour lutter. Pouvons-nous, alors, parler de manipulation ? C’est cet aspect qui est le plus grave, notre équilibre émotionnel est rompu. Le marketing créé le manque (qui n’existait pas avant de voir la pub) et nous fait penser que nous ne pourrons être à nouveau heureux qu’une fois le bien convoité acquis. Il faut des sacrées œillères et un mental exercé pour limiter ces effets.

Il y a également, l’impact sur l’environnement et la société. Fabrication de produits par des employés sous-payés dans des conditions de vie indignes, transports par porte-containers (1 porte container pollue autant qu’un million de voitures diesel), emballage et sur-emballage, obsolescence programmée (qui nous poussent à consommer la même chose, en plus chère, l’année prochaine). Nous connaissons bien.

Je me suis posé la question. Si j’ai besoin de quelque chose, suis-je un criminel si je l’achète pendant le Black Friday ? J’ai trouvé deux éléments de réponses qui me poussent à ne pas le faire. Le premier, c’est de ne pas encourager ce vendredi noir. Acheter pendant cette période, conforte la stratégie des gros commerçants. Acheter c’est voter !

Le deuxième, je l’ai trouvé sur partager c’est sympa. A chaque achat je relis cette infographie et essaye de faire le bon choix.

Partager c’est sympa – lien vers la vidéo

Pour aller plus loin :

Heureusement nous sommes sauvés, le gouvernement prend les choses en main : Twitt de Delphine Batho.

Pour aller encore plus loin :

Vous pouvez regarder sur documentaire sur Cambridge Analytica. Cette société a fait gagner plusieurs élections à des personnages importants. Rien n’est illégal, mais qu’en est-il de la morale et des limites de notre manipulation? Ces méthodes m’inspirent la comparaison avec les fameuses images subliminales, interdites en publicité il ya bien longtemps. A vous de vous faire un avis.

The Great Hack : L’affaire Cambridge Analytica

Pour aller encore, encore plus loin :

Un livre inspirant sur une conception précurseur du commerce et du monde de l’entreprise.

Livre d’Yvon Chouinard fondateur de Patagonia avec préface de Naomi Klein : Confession d’un entrepreneur.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *