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La famille la plus riche du monde et son patrimoine financier

1 500 milliards de dollars. Ce chiffre n’est pas une projection futuriste ni l’intrigue d’un film sur des magnats secrets. C’est la somme, bien réelle, du patrimoine cumulé des dix familles les plus riches de la planète en 2024, d’après Bloomberg. Certaines dynasties traversent les décennies au sommet, s’appuyant sur un savant mélange de structures opaques et de placements mondiaux, là où d’autres fortunes s’étiolent à la première crise venue.

Derrière ces fortunes colossales, la discrétion reste la règle. Les grandes familles évitent souvent la lumière, préférant des structures complexes pour garder le contrôle et brouiller les pistes. Leur influence ne se mesure pas seulement en actifs, mais dans leur capacité à peser sur des secteurs entiers : énergie, finance, agroalimentaire, partout où le pouvoir s’exerce loin des projecteurs.

Qui sont les familles les plus riches du monde en 2024 ?

En haut de l’affiche, on retrouve sans surprise la famille Walton. Héritiers de Sam Walton, ils tiennent d’une main ferme la destinée de Walmart et affichent une fortune qui dépasse les 250 milliards de dollars. Ici, la puissance s’exprime autant dans la maîtrise de la distribution que dans la capacité à faire jeu égal avec les géants de la tech. Leur recette ? Un actif principal, Walmart, mais une organisation tentaculaire, toujours pilotée en famille.

La première famille d’Europe, ce sont les Bettencourt Meyers. Grâce à une envolée boursière de L’Oréal, l’empire fondé par Eugène Schueller, Françoise Bettencourt Meyers veille sur plus de 100 milliards de dollars et sur l’héritage familial, confortant sa place de femme la plus fortunée au monde. Ici, la réussite tient autant à la stratégie qu’à une vigilance de tous les instants sur la gouvernance.

Au Canada, le nom Thomson s’impose. À la tête de Thomson Reuters, David Thomson et ses proches pèsent près de 60 milliards de dollars, avec un groupe qui fait la pluie et le beau temps dans l’information et la finance. Leur force ? Une diversification maîtrisée et un ancrage solide dans des secteurs névralgiques.

Les familles royales du Golfe, Al Thani au Qatar, Al Nahyan à Abou Dhabi, ne jouent pas dans la même cour. Leur patrimoine, intriqué dans la rente énergétique, s’élève à plusieurs centaines de milliards de dollars, avec des investissements mondiaux qui redessinent la carte de la finance et de l’industrie.

Dans la liste, impossible de ne pas citer les Koch (industrie, énergie), les Mars (agroalimentaire), Dumas (Hermès) et Wertheimer (Chanel). Toutes cultivent l’art du secret, tout en façonnant, à leur manière, les règles du jeu économique mondial.

Origines et secrets de la construction de ces fortunes familiales

Ce qui relie ces dynasties, c’est une vision long terme et une discipline quasi militaire dans la transmission du patrimoine. Pour les Walton, tout commence avec Sam Walton qui, en 1962, ouvre son premier magasin à Rogers, Arkansas. La suite ? Une famille soudée, des parts soigneusement réparties, et une implication directe de chaque héritier dans la gestion. Le succès ne relève pas du hasard, mais d’une stratégie réfléchie, affinée à chaque génération.

À l’image des Walton, la famille Bettencourt Meyers a bâti sa réussite sur la continuité. D’Eugène Schueller à Liliane Bettencourt, puis à Françoise Bettencourt Meyers, le contrôle de L’Oréal n’a jamais quitté le cercle familial. Le secret ? Des positions clés au conseil d’administration, un verrouillage du capital, et une vigilance constante sur la gouvernance du groupe.

On retrouve ce schéma chez les Dumas (Hermès), Wertheimer (Chanel) et Thomson (Thomson Reuters). Pour eux, la transmission ne se limite pas à l’héritage financier. Elle inclut aussi la gestion, le maintien d’un cercle rapproché et une présence active dans les prises de décision. Axel Dumas, Alain Wertheimer, David Thomson : chaque nom incarne une génération qui prend le relais sans jamais lâcher le gouvernail.

Dans les monarchies du Golfe, la richesse familiale se structure autour du pouvoir politique. Le Diwan, bureau exécutif du roi, orchestre la gestion des avoirs et la répartition des investissements. Ce modèle, à la frontière du public et du privé, assure la solidité du clan, tout en protégeant ses intérêts des aléas extérieurs.

Homme et femme d affaires examinant des plans architecturaux

Quel impact ces dynasties exercent-elles sur l’économie et la société aujourd’hui ?

Leur pouvoir ne se limite jamais à la possession d’avoirs. Ces familles les plus riches influencent la marche du monde sur plusieurs plans, souvent de façon durable et subtile. Walmart, propriété des Walton, impose ses normes à la distribution américaine. Son poids s’étend bien au-delà des rayons de ses magasins, jusque dans les conditions de travail, les stratégies des fournisseurs et la structure même du marché mondial.

En France, la famille Bettencourt Meyers dirige L’Oréal, leader mondial de la beauté. L’impact se fait sentir dans la recherche, l’innovation, le mécénat ou encore l’image culturelle du luxe français. À chaque décision du conseil, c’est une partie du secteur qui évolue, entre ouverture internationale et ancrage local.

Ces dynasties savent aussi peser sur les marchés financiers. Leur présence dans les conseils d’administration de sociétés cotées, Hermès, Thomson Reuters, façonne un capitalisme familial résilient, moins exposé aux sautes d’humeur des marchés traditionnels. Cette stabilité permet d’envisager des stratégies à l’échelle d’une génération, pas d’un trimestre.

Les familles royales comme les Al Saoud et Al Nahyan investissent massivement via des fonds souverains. Ces leviers orientent les flux de capitaux vers des secteurs clés : énergie, infrastructures, technologies. Ici, la gestion du patrimoine rime avec influence politique, tandis que sur le terrain, ces fortunes financent écoles, hôpitaux ou fondations, redéfinissant le rôle de la sphère privée dans l’action publique.

En filigrane, ces empires familiaux dessinent de nouvelles frontières entre pouvoir économique et responsabilité sociétale. Face à la complexité croissante du monde, ils rappellent que, parfois, le vrai pouvoir ne s’exhibe pas. Il se transmet, se consolide et façonne l’avenir hors des sentiers battus.